Marketing de la DSI : une condition indispensable à la transformation digitale

IT / Cybersécurité / Data / Supply Chain Damien Grosset 3 min de lecture

Si les DSI considèrent que leur rôle progresse au sein de l’entreprise, notamment depuis la crise sanitaire, leur réputation est toujours entachée. Les raisons : une mauvaise posture, une difficulté à vulgariser les enjeux IT ou encore un manque de communication. Reste que des solutions existent pour combler le déficit d’image d’un secteur pourtant essentiel dans le fonctionnement d’une entreprise.   

Au mois de février dernier, Marc Lestienne, Deputy Chief Information Officer chez l’éditeur de solutions informatiques Prodware, dévoilait sur Silicon, site spécialisé dans l’IT, une tribune intitulée « Qui veut la peau de l’IT ? » et qui bat en brèche l’idée de plus en plus répandue que le DSI (directeur des systèmes d’information) serait condamné à disparaître de l’organisation d’une entreprise. Pourquoi serait-il voué à disparaître ? Principalement à cause de la prétendue évolution des connaissances du numérique des collaborateurs (comprendre ici les digital natives). « C’est une erreur, affirme Marc Lestienne. L’IT gère, gouverne, exploite et sécurise la totalité de l’infrastructure informatique physique et matérielle. Nous vivons dans un monde où les internautes ont l’habitude que tout fonctionne de A à Z car les outils sont fournis clés en main. Cette facilité d’utilisation biaise notre jugement et nous fait croire qu’il existe une autonomie numérique. »


Les préjugés envers les DSI ont la vie dure

Cette vue d’ensemble du secteur de la part du DCIO de Prodware est également appuyée par une récente étude d’Abraxio. Selon cette enquête*, il y a en effet un double constat. D’un côté, pour les DSI, leur rôle dans l’entreprise va croissant : 78 % d’entre eux considèrent que la position de la fonction IT s’est améliorée dans l’organisation ces dernières années et autant considèrent que la crise sanitaire a positivement fait bouger les lignes ces 18 derniers mois (autrement dit, avec la généralisation du télétravail et les risques accrus en matière de cybersécurité, les DSI ont gagné en responsabilités dans l’entreprise).

D’un autre côté, la vision du rôle et des relations de la DSI dans l’organisation est très fracturée : 46 % des DSI se voient comme un partenaire stratégique et incontournable de la transformation mais seuls 9 % se sentent perçus comme tels par leurs interlocuteurs métiers. À l’inverse, ils sont 62 % à se sentir perçus « comme un partenaire obligé que l’on cherche parfois à contourner », selon les termes de l’étude, ou comme une fonction support seulement cantonnée à délivrer une prestation. « Les directions informatiques apportent une immense valeur aux organisations dans lesquelles elles opèrent, mais cela ne se dit pas encore assez et les préjugés ont la vie dure, explique Samuel Revenu, CEO d’Abraxio et lui-même ancien DSI. Le marketing de la DSI est impératif pour réussir la transformation digitale, tant en termes de posture, d’enjeu à collaborer main dans la main avec les métiers, que de mieux faire passer les enjeux de fond liés au numérique. »


Une absence de communication

Qu’entend Samuel Revenu par « marketing de la DSI » ? Tout simplement améliorer l’image du secteur. Mais par où commencer ? Selon l’étude, pour près de 60 % des DSI, il s’agit avant tout de mieux faire passer les enjeux de l’IT et de la transformation numérique aux collaborateurs de l’entreprise. Viennent ensuite le fait d’être mieux perçu comme un partenaire business (42 %) et d’accompagner le changement de posture (moins exécutant et plus apporteur de solutions) de leurs équipes (38 %). « Pour gagner en influence, l’enjeu pour les DSI est de passer de l’ère du reporting à celle de la communication, constate le CEO d’Abraxio. Leur programme peut se décliner en 3 points : embarquer leurs équipes dans ce mouvement, creuser le sillon de cette nouvelle posture auprès des interlocuteurs clés que sont les DG, les DAF, les comités de direction. Et enfin communiquer auprès de toutes les parties prenantes de l’entreprise en adoptant leur point de vue. » Un programme précis certes, mais qui fait face à un obstacle de taille. Car l’enquête apporte une précision importante : 71 % des DSI sont seuls aux manettes pour porter le marketing et la communication de leur direction. Et selon Samuel Revenu, « Les fondamentaux qui serviraient à structurer et déployer le discours et les messages de la DSI sont à peine ébauchés ». La preuve : seuls 20% des DSI travaillent par exemple avec un plan de communication, par faute de temps et de budget notamment. Le chemin pour redorer l’image de la DSI est encore long à parcourir.

 

*Enquête en ligne administrée du 1er au 31 décembre 2021 auprès de 81 DSI français.

Damien Grosset