Les nouveaux enjeux des DSI vers une informatique plus durable
IT / Cybersécurité / Data / Supply Chain Hawa Thiam 5 min de lecture
À l'ère de l'évolution technologique et de l'importance croissante de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), la sobriété numérique revêt une importance particulière et la conception des Directions des Systèmes d'Information (DSI) pour l'avenir pose un défi majeur. En tant que chefs d’orchestre des stratégies technologiques au sein des organisations, les DSI jouent un rôle fondamental dans la démarche de sobriété numérique et d'engagement. Leur position leur confère le pouvoir de façonner l'avenir numérique de leur entreprise et de prendre l'initiative pour réduire l'impact environnemental des technologies de l'information. Où en sont les DSI dans leur démarche de sobriété numérique et quels sont leurs enjeux RSE ?
La loi REEN : une première étape de la sobriété numérique
Les lois actuellement en vigueur marquent les premiers pas vers les réglementations futures, dont les mesures sont de plus en plus strictes pour les entreprises du secteur informatique. L'objectif est clair : tendre vers une totale sobriété numérique. La transition vers une informatique plus durable est inéluctable, et les lois à venir joueront un rôle clé pour concrétiser cette transformation. Parmi ces textes législatifs, on peut citer la loi REEN, qui vise à responsabiliser et sensibiliser tous les acteurs de la chaîne de valeur numérique quant à leur impact sur l'environnement. En vigueur depuis 2021, cette loi impose aux DSI de mesurer annuellement leur empreinte environnementale et de mettre en œuvre des actions pour la réduire. Cette empreinte englobe la consommation énergétique des équipements numériques, l'impact des centres de données, la gestion des déchets électroniques, entre autres. Elle renforce également la lutte contre l'obsolescence programmée, tant matérielle que logicielle et accroît les exigences en matière d'achats de produits numériques. La loi REEN établit un solide cadre méthodologique en incluant de nombreuses dispositions qui comportent des obligations ainsi que des interdictions. Elle offre ainsi un guide concret aux entreprises qui se lancent dans le vaste chantier de la responsabilité numérique.
L’IT bientôt dans le Green Deal ?
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 14 juillet 2021, à Bruxelles
“Je pense qu’à terme, pour la période 2024-2029, le numérique fait partie des choses à mettre sur l’agenda du Green Deal 2”, confiait Pascal Canfin, Député européen et Président de la commission de l’Environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire, au micro de La Tribune, le 23 septembre dernier. Alors que les objectifs de durabilité environnementale deviennent cruciaux pour l'avenir de notre planète, il est de plus en plus évident que l'IT ne peut rester en marge de cette transition. Les pressions croissantes en faveur de la réduction de l'empreinte carbone et de la durabilité des technologies informatiques incitent les législateurs à se pencher sur cette question de manière plus sérieuse. L’IT, grande absente du Green Deal qui vise à faire de l’Europe le premier continent neutre pour le climat, ne devrait pas tarder à entrer plus sérieusement dans le radar du législateur.
Sensibiliser les collaborateurs pour une transformation durable
Au vu des diverses lois, notamment de la loi REEN, les DSI sont tenus d'adopter des méthodes de gestion énergétique visant à réduire l'empreinte carbone de leurs infrastructures informatiques. De plus, ils doivent garantir une collecte, un stockage et un traitement responsables des données, conformément aux réglementations sur la protection de la vie privée, tout en minimisant le gaspillage de ressources. Le succès d’une démarche de transformation durable est étroitement lié à l’implication des collaborateurs. La sensibilisation des membres de l’entreprise est un aspect crucial de la démarche de sobriété numérique, car elle permet de mobiliser l'ensemble de l'organisation en faveur d'une informatique plus durable.
Pour que les salariés soient réceptifs, ils ont besoin de comprendre les enjeux du numérique responsable. Cette sensibilisation peut passer par l’organisation d’ateliers avec La Fresque du numérique, la tenue d’événements comme le Digital Cleanup Day où l’on apprend à nettoyer son PC. Il revient également au DSI de fournir des informations pertinentes et de mettre en place des mesures concrètes au quotidien. Ces actions peuvent prendre la forme de campagnes de sensibilisation au sein de l'entreprise, englobant des conférences, des ateliers, ou la création de supports de documentation pédagogique, simples et facilement accessibles. À titre d'exemple, la diffusion d'informations sur les gestes écoresponsables dans le cadre du travail peut être intégrée au kit d'accueil destiné aux nouveaux employés. Ce processus vise à ancrer la sobriété numérique au sein des valeurs fondamentales de l'entreprise. La méthode FinOps impose notamment aux équipes IT des pratiques fondamentales comme éteindre des ressources cloud inutiles la nuit ou de bien décommissionner les machines virtuelles utilisées pour un projet à la fin de celui-ci.
L’instauration d’une politique RSE pourrait même avoir un impact significatif sur le recrutement de collaborateurs. En effet, 58 % des répondants de l’enquête IFOP "Le regard des Français et leur appropriation de la RSE" affirment que la politique RSE d’une entreprise est un critère primordial au moment de postuler.
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Des indicateurs de sobriété pour mesurer l’impact environnemental des SI
Afin de mieux accompagner et évaluer les démarches de sobriété numérique, les DSI doivent être capables de quantifier l’impact et l’empreinte environnementale des systèmes informatiques des entreprises pour lesquelles ils collaborent.
Agnes Comte, Sustainable IT Specialist de Banque de France, explique dans le journal de CRiP Asso que l'institution bancaire est en train de développer une application appelée IT Score. Cette application calcule le pourcentage réel de ressources informatiques consommées et fournit un indicateur de sobriété, similaire à un nutri-score : “Si le score est mauvais, nous nous rapprocherons des équipes concernées pour regarder comment réduire le nombre de ressources qui consomment de l’énergie inutilement. L'idée est de concentrer nos efforts sur les projets sur lesquels il y a plus de leviers environnementaux.” Par ailleurs, la Banque de France a instauré des indicateurs de performance clés (KPI) pour évaluer la sobriété numérique de tous ses projets, assurant ainsi un suivi de l’application des bonnes pratiques en matière d'éco-conception.
La sobriété numérique est un enjeu majeur pour les DSI. De manière plus globale, la RSE s’impose dans toutes les stratégies d’entreprise. Cet engagement sociétal et environnemental des entreprises sera donc au cœur des échanges de notre événement phare dédié aux acteurs du Digital, la Winter Edition, qui aura lieu du 1er au 3 décembre 2023 au Club Med de Tignes.